Le blackout sur la péninsule Ibérique – que s’est-il passé ?

Les faits : Le 28 avril, peu après midi, toute la péninsule Ibérique a été plongée dans le noir – c’est-à-dire l’Espagne et le Portugal entiers. Une panne d’électricité à grande échelle comme celle-ci est communément appelée « blackout ».

Pourquoi c’est important : Au début, on parlait d’un phénomène météorologique rare – vraisemblablement un ciel parfaitement dégagé sur toute la région. Les installations solaires ont produit de l’électricité comme jamais auparavant.

Une journée ensoleillée aux conséquences inattendues Le site electricitymaps.com montre comment la production d’électricité a évolué en Espagne ce jour-là. À 11 heures du matin, la production totale atteignait environ 32,5 gigawatts – une quantité très élevée, supérieure à la consommation réelle d’électricité à ce moment-là.

Fait marquant : près des deux tiers de cette production provenaient de l’énergie solaire. La raison : un ciel sans nuages sur l’ensemble du pays, permettant un rayonnement solaire maximal.

Or, l’Espagne ne consomme généralement pas plus de 30 gigawatts à cette heure. Il y avait donc surproduction. Que faire dans un tel cas ?

Les gestionnaires de réseau ont tenté de gérer l’excédent :

Mais toutes ces mesures n’ont pas suffi à rétablir l’équilibre du réseau.

Pourquoi un réseau électrique doit rester stable

Un réseau électrique ne fonctionne que si la production et la consommation sont en équilibre permanent. Une production excessive entraîne une hausse de la fréquence du réseau – une sorte de métronome pour tout le système. Si cette fréquence fluctue trop, cela peut endommager des équipements ou provoquer des pannes majeures.

C’est pourquoi de nombreux composants se déconnectent automatiquement lorsque la fréquence est trop haute ou trop basse – afin d’éviter des dégâts plus importants. Trop d’électricité est donc aussi dangereux que pas assez.

Normalement, ce sont les centrales dotées de turbines lourdes – comme les centrales hydroélectriques ou nucléaires – qui stabilisent le réseau. Leur « masse rotative » agit comme un volant d’inertie et compense les variations soudaines. Les éoliennes ne peuvent pas jouer ce rôle. Leur courant doit être converti à une fréquence précise de 50 Hz avant d’être injecté dans le réseau.

Le blackout arrive

Le 28 avril, seules environ 20 % de l’électricité produite provenaient de sources stabilisantes. La majorité venait du solaire – une source qui, bien qu’abondante ce jour-là, ne contribue pas à la stabilité du réseau car elle ne possède aucune masse en mouvement. Lorsque la fréquence a dépassé les 50,2 Hz et que peu de centrales avec masse rotative restaient actives, le réseau s’est automatiquement déconnecté pour se protéger. Cela a conduit à la panne générale – une interprétation fondée sur des faits techniques.

Un défaut technique ou une erreur humaine pourraient avoir également joué un rôle – cela ne peut être exclu, même si ce n’est pas confirmé.

Mais même dans ce cas, un point essentiel est confirmé : Un réseau électrique ne peut rester stable que s’il dispose de suffisamment de sources d’énergie pilotables et stabilisantes. Les énergies renouvelables comme le soleil et le vent sont importantes – mais elles ont besoin du soutien d’autres types de centrales capables de maintenir l’équilibre du système.

Source: www.electricitymaps.com/