Illusions vertes

La politique suisse en matière de climat et d'énergie s'est fourvoyée sous l'influence d’une idéologie verte, avec l'aide d'une élite universitaire qui fait l'opinion dans les médias, la science et la culture.

Par Hans Rentsch

Dans le programme électoral "Agenda 2023-2027" du Parti écologiste suisse (PES), la "crise climatique" trône au-dessus de tout comme thème de mobilisation suprême. Le cœur des Verts bat pour l'avenir de la planète.

Axer la politique sur des objectifs irréalistes tels que "1,5 degrés" et "zéro net en 2050" est un gage d'échec. Les Verts estiment néanmoins que les choses ne vont pas assez vite. Le côté utopique apparaît clairement lorsque l'on élargit la perspective au-delà de la Suisse au monde entier. La prise de conscience concernant le climat dépasse le Verts, mais c’est eux qui crient le plus fort. Ainsi, nombreux sont ceux qui pensent que les Verts des bonnes recettes pour combattre la crise climatique. Mais c’est là le grand mensonge verts.

Des attentes illusoires

Sur les affiches électorales des Verts, on peut lire : "Pour la protection du climat et la sécurité de l'approvisionnement". Mais l'"Agenda 2023-2027" implique des coûts astronomiques et des bénéfices climatiques minimes, tout en mettant en péril la sécurité de l'approvisionnement.

Les Verts reçoivent l'aide de l'Energy Science Center (ESC) de l'EPFZ. L'ESC soutient la croyance en un approvisionnement énergétique sûr, sans nucléaire et sans impact sur le climat, grâce aux énergies renouvelables, par le biais d'études conformes à la politique officielle.

Mais la faisabilité technique et économique postulée dépend de tant de conditions qu'un plan B serait obligatoirement nécessaire. Le programme des Verts va encore plus loin que la politique officielle ; la sécurité d'approvisionnement est d'autant plus gravement menacée.

Comme les Verts rejettent fondamentalement l'énergie nucléaire, ils exigent un développement d'autant plus massif des énergies renouvelables solaire, éolienne et hydraulique. Or, leur production évolue de manière saisonnière en opposition à la demande d'électricité, et ce au même rythme que dans les pays voisins. Le stockage des excédents d'électricité estivaux pour combler le déficit hivernal nécessiterait des capacités qui dépassent l'imagination.

Les espoirs d'importations élevées d'électricité ou de développement rapide des réseaux de transport relèvent également du fantasme vert. L'auréole des énergies renouvelables perdrait de son éclat si le problème non résolu de l'élimination d'énormes quantités de déchets toxiques provenant des infrastructures solaires et éoliennes et des batteries recevait la même attention que les déchets nucléaires.

De plus, la dépendance à l'égard de la Chine - qui occupe une position dominante en termes de technologies, de matières premières et de produits - est bien plus unilatérale que la dépendance à l'égard des pays producteurs d'énergies fossiles ou d'uranium pour l'énergie nucléaire.

Slogans

Les Verts sont également les propagandistes les plus bruyants lorsqu'il s'agit d'assécher les financements pour l'exploration et la production d'énergies fossiles. On avance des arguments qui de première vue apparaissent plausibles : Nous rendons plus difficile l'octroi de crédits pour l'industrie du charbon, du pétrole et du gaz, et les émissions de CO2 diminueront. Mais les conséquences économiques sur les marchés financiers et énergétiques internationaux sont si complexes que de telles mesures pourraient avoir l'effet inverse de celui escompté.

La politique climatique des Verts suisse ne protège pas le climat : non seulement parce que notre pays est si petit, mais surtout parce que leur politique ignore les lois physiques, économiques et politiques.

Les Verts font mauvaise conscience aux citoyens avec des slogans vides de sens écologique. Là encore, les Verts se font des illusions. Lorsque la réalité les rattrapera, lorsque le paysage est défiguré par des éoliennes et des panneaux solaires et que les coûts de la politique verte se répercutent sensiblement sur les ménages et les entreprises, les citoyens ne seront plus d’accord.

Hans Rentsch est économiste et journaliste économique. L'article a été publié en version originale dans la Neue Zürcher Zeitung.

Hans Rentsch: La politique climatique des Verts suisse ne protège pas le climat.